« Le langage est le médium d’Orélie Fuchs, qu’elle choisisse de le mettre en situation dans l’espace public ou dans l’architecture, ou qu’elle entreprenne de le reconstruire à travers des textes qui hésitent entre théâtre et poésie et sont à la fois poème et drame, mais ni l’un ni l’autre, comme si l’ambition de l’écriture la poussait à chercher une langue plus originaire que celle que canalisent les genres littéraires établis par la tradition.

Invité en résidence à la Comédie de Genève en 2002 pour y écrire un texte destiné à la scène, elle n’oublie pas qu’elle est plasticienne et déroule une grande banderole sur le sol du couloir qui conduit les comédiens et les personnels techniques vers les coulisses. On peut y lire « comme tu respires » deuxième temps de l’accusation bien connue qui commence par « tu mens » mais aussi rappel de cette autre donnée fondamentale du jeu théâtral qu’est la gestion du souffle.

En 2003, Orélie Fuchs met en scène L’acteur dit : Le titre devient didascalie puisqu’il énonce, par l’ouverture des deux points, que l’acteur parle sans délai, comme si le temps de l’écriture et celui du jeu avaient fusionné. »

Par Hervé Laurent dans Swiss Art, 2004